Quel changement d’ambiance du jour au lendemain nous avons vécu ! Les choses allaient vraiment très vite.

L’essentiel est que nous allons bien et n’avons pas encore envie de nous entretuer en ces temps de confinement. C’est plutôt bon signe car on ne sait pas si cette situation va durer deux semaines, deux mois ou une éternité.

Le coronavirus et le confinement sont les termes les plus lus et les plus entendus depuis quelques temps. En même temps, les journalistes et les médias ne se cassent pas trop la tête pour trouver un sujet en ce moment 🙂

Notre voyage à vélo en Espagne s’est vraiment très bien passé comme prévu jusqu’au 15 mars, jour que l’on n’oubliera pas.

En effet, la direction de l’hôtel où on séjournait nous a informé qu’elle honorerait notre réservation du jour mais qu’après cette date l’hôtel risquerait de fermer ses portes pour une durée indéterminée suite à la propagation du virus. Il y avait un autre touriste dans cet hôtel en ce dernier jour avant la fermeture.

en route pour Grenade Andalousie
C’était le dernier jour de pédalage avant d’être confiné

CONFINEMENT : ON S’EN DOUTAIT DEPUIS UN MOMENT

Le confinement, on s’en doutait mais ne pensait pas que cela arriverait aussi vite.

Et pourtant, une amie en Italie m’a envoyé un message « d’avertissement » le 9 mars qui disait que je devais faire attention, de ralentir mon rythme et de me poser quelque part. Puis, mon papa m’a encore envoyé un texto le 10 mars pour me dire que l’Europe devenait l’épicentre de la propagation du virus et m’a ainsi demandé de me poser quelque part. En toute honnêteté, je prenais ces avertissements un peu à la légère. Il fallait écouter mon père, qui a connu la guerre !

Nous étions à une quarantaine de kilomètres de Grenade, une des villes importantes de l’Andalousie. Il fallait la rejoindre à tout prix afin de ne pas être coincés au milieu de nulle part.

Avant de se remettre en selle en direction de Grenade, nous nous sommes dit de bien nous remplir l’estomac car il n’y aurait probablement rien pour le déjeuner sur la route. Nous nous sommes dirigés vers le buffet du petit-déjeuner. L’ambiance était tellement étrange : il n’y avait personne, pas une mouche; les nappes, remplies de miettes, qui n’ont pas été nettoyées depuis des lustres; il restait trois croissants industriels dans un panier, etc…On dirait que l’établissement a été laissé à l’abandon…

Soudainement, le propriétaire de l’hôtel apparaissait enfin. Vêtu d’une tenue noire de la tête aux pieds, il tirait une gueule comme s’il était au bout du rouleau. Après un « Hola » glacial, il nous a apporté deux assiettes de pain, du café et du jus d’orange. Soulagés, nous aurions un peu de force et d’énergie pour pousser jusqu’à Grenade.

Une fois les sacoches accrochées, nous sommes sortis de l’établissement et nous avons entendu le claquement de la porte de l’hôtel derrière nous. Il devait se dire « bon débarras ». Quel drôle de contexte !

Finalement, la chose la plus étrange qu’on a vécu n’est pas le confinement lui-même.

CONFINEMENT : C’EST DE VIVRE AU RALENTI (ENCORE PLUS)

Pour tout avouer, nous n’avons pas à nous plaindre. Nous avons pu louer un petit studio dans le quartier de l’Albaicín, bâti sur la colline de Grenade.

Qui dit colline dit montée. En effet, le trajet entre l’arrivée en ville et notre logement est d’un kilomètre avec 100 mètres de dénivelée. En plus, les ruelles sont difficilement praticables car elles sont en galets et assez glissantes.

Comme si le confinement ne suffisait pas, la pluie a contribué à rendre l’atmosphère encore plus morose. Les rues étaient désertes. On ne voyait que quelques personnes faire des courses, acheter du pain et balader leur chien. Quelle drôle de situation à laquelle on n’est pas habitué en Espagne. Pourtant, il va falloir qu’on s’y habitue pendant les semaines à venir.

Notre mode de vie suit un rythme lent qui est proportionnel aux coups de pédale. Tout à coup, c’est encore plus lent suite au confinement.

RESTE-IL DU PQ DANS LES SUPERMARCHÉS ?

La ruée vers le PQ, ce phénomène nous dépasse complètement. Est-ce une mesure de bon sens qu’il faut adopter en ces temps d’épidémie ? Je crains que non.

Avant d’aller faire des courses, nous avons toutefois vérifié s’il reste du PQ dans le logement : 5 rouleaux, ouf ! Donc, on a rayé cet élément de la liste de courses.

Il faut un peu moins de quinze minutes à pied afin d’arriver au premier grand supermarché le plus proche de chez nous. Des gants en plastique sont à disposition. Il n’y avait pas trop de monde et les gens étaient ordonnés en faisant attention à la distance de sécurité.

Certains rayons sont vides. En revanche, les légumes et fruits ne manquant pas. Les rayons de pâtes et de riz ont été dévalisés. Nous avons enfin trouvé un des derniers paquets de pâtes restantes dans un coin bien planqué.

Y-A-T-IL DES CHAMBOULEMENTS DANS NOS PLANS ?

Nous avons planifié le voyage en Espagne jusqu’à la fin du mois d’avril, c’est-à-dire que la plupart des hébergements ont été réservés afin de bénéficier des prix avantageux. À cause du confinement, nous avons du annuler toutes les réservations qui suivaient.

Booking a mis du temps à réagir à nos messages de demande d’annulation. La plateforme a ensuite mis en place le système de demande d’annulation gratuite sur son site. Nous avons donc lancé nos demandes et sommes en attente de remboursement.

Pour répondre à la question, la réponse est non, il n’y a pas de chamboulements dans nos plans. Au lieu de pédaler fréquemment, nous suspendons cette activité au profit d’autres loisirs tels que la lecture, la musique et la cuisine. On ne va pas se mentir, nous allons prendre au moins dix kilos chacun pendant ce confinement 🙂

COMMENT SE PASSENT NOS JOURNÉES EN TEMPS DE CONFINEMENT ?

C’est le moment pour moi de retrouver une de mes passions : cuisiner. Vu que nous n’avons rien trouvé de ce qui est sur la liste de courses, je dois improviser les recettes en fonction de ce qu’on a réussi à mettre dans le panier. On fait comme on peut en ces temps difficiles.

Voici quelques exemples au menu : raviolis aux champignons blancs et aux légumes, revuelto aux asperges (œuf brouillé à l’espagnole), risotto aux pleurotes, salades aux cœurs de palmier, maïs et fromage, paella verte aux fèves, artichauts, asperges et petits pois, etc…Les légumes sont abondants en ce moment en Espagne et c’est vraiment cool.

En tous cas, peler les asperges sans économe n’est pas chose aisée.

Cuisiner pendant le confinement
Décortiquer les fèves, préparer des légumes constituent en une tâche très passionnante

Nous ne passons pas toute la journée en cuisine non plus heureusement. Nous avons du temps à focaliser sur nos projets respectifs, travailler sur le blog, lire, trier les dix milles photos de nos périples précédents, apprendre des langues étrangères et nous instruire, etc…

REMÈDE ANCESTRAL VIETNAMIEN

miel citron gingembre confinement

Remède est un grand mot. Mais quand on vivait dans un pays où les médicaments se faisaient rares à l’époque, on se tournait évidemment vers les vertus des produits naturels. Depuis toute petite, mes grands-parents et parents m’ont fait prendre de la boisson aux miel, citron et gingembre quand j’étais enrhumée.

Ce n’est pas la peine que je rappelle les vertus de chaque ingrédients. A priori, ce mélange fait du bien à la gorge et calme la toux. Lorsque Jérôme est malade, il pense tout de suite à « prendre un grog ». Pour calmer ses penchants alcooliques, j’interviens en lui faisant cette boisson. Il l’adore ! En ce moment, on en boit tous les jours.

Il y a deux modes de fabrication :

  • Peler le gingembre et le couper en rondelles ou en julienne, préparer le jus de citron, sortir deux cuillères de miel. Mélanger le tout puis verser de l’eau chaude ou tiède en fonction de vos envies.
  • Mélanger le miel, le jus de citron et le gingembre dans un bol. Faire cuire le tout à la vapeur pendant dix ou quinze minutes. Le tour est joué !

CULTIVER LE SENS DE L’IMAGINATION

Il n’y a pas le choix, c’est également le moment de cultiver son sens de l’imagination et de contemplation, de maîtriser son temps et son espace.

Passionnée d’étymologie, je suis souvent à la recherche des racines des mots et du vocabulaire, ce qui ne sert probablement pas à grand chose. Prenons quelques exemples :

  • Hexakosioihexekontahexaphobie (à tes souhaits !) : qui signifie la peur du nombre 666. Vous allez dire aussi que ce genre de mot est inutile dans la vie de tous les jours. Totalement !

  • Caligynephobie : indique la peur des jolies femmes.

Et si on parlait de la géométrie ? Un polygone a un angle qui fait 172 degrés. Combien de côtés contient ce polygone ? Peut-être est-ce un peu casse-tête mais en même temps un antidote contre l’ennui.

Pour les amoureux de la peinture, je partage avec vous l’exposition virtuelle sur les œuvres de Vermeer, un de mes artistes préférés de la peinture baroque néerlandaise. Cette exposition, réalisée par Google Art et Culture, est extrêmement pédagogique et intéressante.

Un des tableaux les plus connus de l’artiste demeure « La jeune fille à la perle ». Ce fameux tableau a inspiré l’auteure Tracy Chevalier concernant son roman du même nom. Quoi de mieux qu’un livre qui vous fera voyager dans le temps ? Ce roman, mêlant entre peinture célèbre et histoire ordinaire nous emporte dans le monde hollandais du XVIIème siècle. L’auteur décrit avec beaucoup de talent le rapport entre le peintre et sa jeune servante ainsi que son modèle. Mais ce n’est pas tout !

ET LA SUITE ?

Nous n’avons plus du tout de plan pour la suite. Il faut qu’on s’adapte à la situation actuelle. Une fois que la pandémie sera endiguée et que le confinement sera levé, on espère simplement pouvoir visiter Grenade. En tous cas, une chose est certaine c’est que nous n’oublierons jamais Grenade !

Dehors, chantent les oiseaux, s’ouvrent toutes sortes de fleurs, rayonne le beau soleil. Au loin depuis notre fenêtre, la Sierra Nevada est vêtue d’un manteau blanc. C’est l’équinoxe de printemps ! La sirène de l’ambulancier alterne, les cloches sonnent. Je pense soudainement au splendide tableau de Jean-François Millet « l’Angélus »…

Du courage et prenez soin de vous !

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