C‘est notre troisième passage au Laos en un an. Nous zigzaguons beaucoup en Asie du sud-est, vous pouvez le remarquer. Le Laos est notre coup de cœur et nous ne nous lassons pas d’y retourner pour découvrir des régions autres que Savannakhet, les monts karstiques de Khammouane ou le plateau des Bolovens. Cette fois-ci, c’est le Laos du nord.
Après avoir sillonné les routes du sud de la Thaïlande en longeant la côte, nous avons traversé le pont de l’amitié entre Nong Khai et Thanaleng (situé à une vingtaine de kilomètres de Vientiane). Nous allons donc rester quelques jours à la capitale du Laos, puis nous diriger vers le nord tout en empruntant la route principale numéro 13.
Voici un aperçu du début de notre itinéraire au nord du Laos :
Vientiane –> Phônhông –> Tha Heua –> Vang Vieng –> Kasi –>Phoukhoune –> Kioukacham–> Luang Prabang
Il n’y a pas de prise de tête car on suit la route 13, la principale route goudronnée qui traverse le pays. Nous donnerons aussi l’indication liée au niveau de difficulté mais ne la prenez pas comme référence.
Avant de partir, nous avons eu beaucoup d’appréhension en lisant des récits d’autres voyageurs à vélo. Finalement, on a plutôt bien vécu les passages soi-disant « difficiles ». Les passages que nous jugeons difficiles peuvent ainsi être faciles pour vous ou vice-versa.
C’est pareil pour des hébergements. Nous listerons les endroits où nous passons la nuit et si nous les apprécions ou pas. Mais faites selon votre instinct car il est dans pas mal de cas votre meilleur ami !
Dans cet article, nous allons réciter nos étapes depuis Vientiane jusqu’à Ban Sisangvone. Le reste suivra dans les articles futurs.
Passage de la frontière entre Nong Khai et Vientiane
Ce passage de la frontière terrestre nous est familier car nous l’avons déjà traversé l’an dernier. En revanche, les choses peuvent éventuellement évoluer dans un sens qui ne nous arrange pas beaucoup. Finalement, nous l’avons traversé sans encombre.
Nous empruntons, comme la dernière fois, le pont de l’amitié Laos-Thaï à vélo. Comme déjà évoqué, nous n’avons pas besoin de prendre le bus, ce qui nous facilite beaucoup la tâche.
Après avoir dûment rempli le formulaire de demande de visa à l’arrivée et acquitté une somme de 30 dollars par personne, le visa nous est accordé en une demie-heure. Le douanier me questionne sur mon origine malgré mon passeport français. À force, je suis habituée à ce genre de situation.
Une fois le visa en main, nous reprenons nos vélos en direction de Vientiane qui se trouve à une vingtaine de kilomètres.
Cette fois-ci, nous n’avons subi aucun autre contrôle après avoir obtenu le visa.
Jérôme est ravi de retrouver son pays de prédilection où il peut boire du bon café toute la journée. Le premier café au bord de la route n’est pas décevant.
Une escale rapide à Vientiane
Où dormir à Vientiane
Nous avons séjourné à Chaleaunsy hôtel [ 200 000 kip / nuit] dont le rapport de qualité-prix est correct. La chambre est propre.
A l’approche de la capitale la plus tranquille de l’Asie du sud-est, nous nous arrêtons devant un stand de sandwich laotien pour le déjeuner. Ayant beaucoup de similitude avec la banh mi – sandwich vietnamien, ce sandwich est constitué de carottes vinaigrées, de pâté de porc, de porc laqué, de tiges de coriandre, de mayonnaise et de purée de piment.
Nous arrivons à Vientiane sous une chaleur écrasante (pour changer !). Nous n’avons qu’une seule envie : trouver un toit et nous réfugier au frais le plus rapidement possible.
Ne voulant pas tourner en rond comme la dernière fois, nous sommes retournés au même hôtel. A savoir que le rapport de qualité-prix des hébergements à Vientiane n’est pas excellent dans l’ensemble. Avec notre budget moyen, il faudrait se contenter d’un lit au dortoir. Du coup, nous devons augmenter un peu notre budget afin d’avoir plus d’intimité et de confort.
L’hôtel Chaleaunsy est un bon choix. Mais quelle surprise, le prix a été augmenté de 30% en un an ! Nous avons réussi à négocier une petite réduction et avons payé 180 000 kip / nuit (~ 18 €).
Le premier but de cette escale est de demander le visa pour la Chine. Qu’est-ce que c’est fastidieux et laborieux ! Nous devons préparer un vrai dossier de demande de visa qui est composé de plusieurs documents justificatifs. [Cela me rappelle un peu le parcours du combattant auprès des préfectures en France.]
Contrairement à notre premier séjour, Vientiane nous charme davantage cette fois-ci. On trouve enfin nos repères et de la bonne bouffe 🙂 Quand on mange bien, tout va, haha. Quoi qu’il en soit, c’est pour nous la capitale la plus endormie de toute l’Asie du sud-est.
Nous avons découvert un très bon restaurant végétarien, un bouï-bouï pas mal du tout et un excellent stand de sandwich laotien.
Par ailleurs, Jérôme se retrouve avec des chaussures bien recousues par un cordonnier installé dans la même rue que celle de notre hôtel. Monsieur a refusé de prendre l’argent. Quelle générosité !
Vientiane à Phônhông – 70 km
Nuit à Manyvong guesthouse [ 80 000 kip / nuit] : chambre très propre et spacieuse, à proximité de quelques restaurants et bouï-bouï.
Le début de notre itinéraire présente deux options: route principale numéro 13 ou route numéro 10. Afin de changer par rapport à la première fois, nous prenons finalement la route 13.
Une fois le ventre rempli avec du sandwich laotien, nous nous élançons vers le nord. La vendeuse de sandwich est une dame charmante, souriante et qui parle un anglais impeccable. Ce qui nous surprend souvent c’est que des marchands ambulants parlent mieux anglais que le personnel au sein d’un grand restaurant.
Lorsque nous cherchons les sandwich, nous avons la chance d’observer la cérémonie de l’aumône. Nous sommes restés sidérés devant cette scène dès que les moines se mettent à prier après avoir reçu des offrandes. On ne sait pas pourquoi mais on est très émus en y assistant. Rétrospectivement, nous trouvons que ce moment est beaucoup plus touchant qu’à Vang Vieng et Luang Prabang.
La route est très (trop) poussiéreuse ! Il y a du trafic ce jour-là, mais tout à fait raisonnable par rapport à ce que nous connaissons ailleurs.
Au bout de 30 kilomètres, nous nous arrêtons boire un sirop de sucre de canne. Le canne à sucre est une plante qui pousse de manière abondante dans plusieurs pays de l’Asie du sud-est. Il est fréquent de voir une dame avec une machine marquée en vietnamien « Nước mía đá » (sirop de sucre de canne glacé). Il paraît que le Vietnam possède le monopole des machines à jus de sucre de canne dans la région, surtout au Cambodge et au Laos.
C’est une boisson très bon marché qui ne coûte que 5 000 kip / verre (~ 50 centimes d’euro). J’ai toujours connu cette boisson depuis toute petite. Avant, on utilisait des verres. De nos jours, la plupart des vendeurs se servent dans des gobelets en plastique. Je me dis que l’évolution ne va parfois pas dans le bon sens.
A part ce détail, la dame au sucre de canne est très souriante. Son mari vient nous poser quelques questions sur nos trajets et essaye en même temps les lunettes de Jérôme 🙂
L’heure du déjeuner s’approche. Nous guettons une échoppe afin de faire une pause et de remplir nos estomacs. Avec mes quelques mots en laotien, nous arrivons à bien manger. Au menu: salade de papaye verte et salade de papaye verte aux nouilles de riz.
J’observe la fille de la propriétaire du restaurant faire de la salade de papaye. Elle a environ 12 ans. J’ai l’impression que les gens arrivent à préparer de la salade de papaye dès leur plus jeune âge ici au Laos.
Nous continuons la route sous une chaleur étouffante qui brûle bien chaque morceau de chair qui dépasse. A 7 kilomètres de l’hébergement, une montée bien violente nous souhaite la bienvenue. Que c’est dur !
Tout au long de ce trajet, nous pouvons constater que les travaux de construction du chemin de fer sont bien avancés. Ce sont des travaux financés par la Chine. Il n’est donc pas difficile de remarquer la présence des chinois avec leurs engins, restaurants et guesthouse.
Phônhông à Tha Heua – 60 km
Nuit à Khamnee guesthouse [50 000 kip / nuit] : c’est vraiment rudimentaire. On ne la recommande pas. Il y a deux autres guesthouse qui se trouvent pas très loin de celle-ci sur la même route.
Le départ est à 5h45. Eh oui, c’est comme une routine militaire si on ne veut pas crever de chaud. Le réveil a été dur mais après 2 kilomètres, le corps et les mollets se réchauffent et ça va beaucoup mieux. Quel plaisir de pédaler dans la fraîcheur !
Le jour ne se lève pas, il fait vraiment sombre. Nous nous disons que c’est vraiment étrange aujourd’hui, la fraîcheur dure plus longtemps que d’habitude. Au bout d’une dizaine de kilomètres, nous arrivons à une sorte de station de bus où il y a quelques stands d’épicerie-restaurant. Nous achetons un paquet de gâteau local dont les saveurs ne gâtent pas vraiment nos papilles.
Environ une minute après l’arrivée à la station de bus, il tombe des cordes ! Nous devons nous réfugier dans un stand pour terminer notre petit-déjeuner. Il faut seulement 15 minutes de trombes d’eau et toute la station est inondée. Le ciel semble très en colère: il y a beaucoup d’éclairs et de tonnerre. Nous patientons bien 45 minutes avant de pouvoir reprendre la route.
La saucée a bien refroidi la température. Nous n’avons qu’à nous réjouir de cette fraîcheur. Certaines portions de route deviennent bien sales après la pluie.
En dehors des travaux déjà mentionnés, nous avons l’occasion d’observer la vie rurale laotienne : coqs, poules, chiens, cochons à liberté, etc…Quelques maisons « modernes » en béton alternent avec celles sur pilotis en bois. On dirait que ces maisons traditionnelles ne reçoivent pas beaucoup d’entretien une fois érigées.
Devant chaque maison, il y a souvent une petite « cage » aux herbes aromatiques. C’est en effet une petite parcelle de terrain entourée par des bâtons de bambou. Les gens y plantent toute sorte d’herbes aromatiques et plantes que j’arrive à reconnaitre, tels que: basilic, échalote, coriandre, piment, laitue, tomate, aubergine ronde, etc…J’adore observer des herbes aromatiques et des plantes. Jérôme me dit que j’aurais dû être naturologue ou biologiste plutôt qu’auditrice financière 🙂
On aperçoit également quelques femmes qui tissent devant chez elles.
Des écoliers ainsi que des enfants s’écrient et nous adressent les « sabaidee » ou « bye bye » très souvent sur la route.
Nous nous posons dans une guesthouse où la chambre est rudimentaire. Après tout, ce n’est pas bien grave. En revanche, on reproche le fait que les parents laissent gérer la location à leur enfant de 12 ans.
Tha Heua à Vang Vieng – 24 km
Nuit à Sengkeo Guesthouse [100 000 kip / nuit] : à ce prix, c’est le seul hébergement que l’on connait à Vang Vieng qui propose des chambres avec salle de bain privative. La chambre est basique mais propre. Elle est un peu excentrée, ce qui nous a permis d’être loin de la foule touristique.
Ce matin, on bat tous les records matinaux, départ à 5h30 !
Un des avantages de partir de bonne heure est que je n’ai pas besoin de mettre les manchettes, ni la crème solaire. C’est un contact direct avec la nature. Je ressens la fraîcheur venir fouetter la peau. C’est très agréable !
Malgré la courte distance, nous avons subi quelques portions de route qui sont très abîmées.
Les monts karstiques de Vang Vieng font leur apparition devant nous. C’est ce genre de paysages que nous affectionnons particulièrement. Ainsi, nous avons décidé d’y passer trois nuits afin d’explorer ses coins et recoins malgré sa mauvaise réputation.
Nous sommes arrivés très tôt à Vang Vieng où nous pouvons comparer la scène de la cérémonie de l’aumône avec celle à Vientiane ou dans un autre village sur la route. Comment dire ? Ce n’est pas du tout solennel. J’essaie de décrire la scène pour que vous puissiez imaginer. Il y a des tuk-tuk remplis de moines en robe orange qui débarquent juste devant les gens. Un ou deux moines descendent afin de récupérer des offrandes puis remontent dans le tuk-tuk. Du coup, pas de prière, pas de chant religieux, rien du tout ! Nous sommes également frappés par la qualité nutritionnelle médiocre des offrandes. En effet, elles sont principalement constituées de biscuits industriels, boissons énergétiques du type Redbull, etc…
L’ambiance est très étrange. Pour tout avouer, la première impression de Vang Vieng n’est pas très bonne. Vang Vieng fera l’objet d’un article à part et plus détaillé.
Vang Vieng à Ban Sisangvone – 55 km
Nuit à Tao guesthouse [80 000 kip / nuit]. Vous aurez le choix entre les bungalows ayant une salle de bain privative ou à partager. Pour ce prix, nous avons un bungalow avec salle de bain privative. Il n’y a pas d’eau chaude à l’intérieur de bungalow. On est au calme et entend seulement le ruissellement de l’eau qui coule dans la rivière Nam Lik. Il n’y a pas de choix en terme de restauration car on est vraiment au milieu de nulle part. Les propriétaires proposent en revanche les repas à raison de 20 000 kip / personne.
Notre petit-déjeuner est constitué de quelques bananes offertes par une vendeuse de sandwich la veille. Nous maintenons notre routine matinale ce qui est vraiment bien pour éviter au moins 2 heures de plein cagnard.
Les vingt premiers kilomètres sont vraiment faciles. Ensuite, les choses sérieuses commencent. Nous retrouvons le principe de nos balades: descendre pour mieux remonter 🙂
Les monts karstiques continuent à gâter nos pupilles pendant les premiers kilomètres. Il semble que la terre y est fertile car on aperçoit beaucoup de plantations différentes: laitue, pastèque, melon, piment, choux, haricot vert, concombre, etc… Le long de certaines portions de la route, on voit une succession des vendeurs de pastèque et de concombre.
Le fait de partir tôt nous permet de voir de belles choses. Prenons l’exemple de ces écoliers qui marchent ou qui pédalent en nous adressant à chaque fois: « sa-baiiiiii-deeeee ». Comme au Vietnam, les écoliers laotiens portent également un uniforme. Les garçons se vêtent d’un pantalon bleu très foncé et d’une chemise blanche. Les filles quant à elles portent une chemise blanche et une robe traditionnelle de couleur bleue très foncée avec des motifs blancs vers les genoux.
Initialement, Jérôme prévoit d’aller directement à Kasi, une petite commune de taille assez importante. Et puis, il a vu, en faisant des recherches sur google maps, une guesthouse à 15 km de Kasi qui attire toute son attention par les notes et commentaires donnés. Par curiosité, nous avons finalement décidé d’y passer la nuit.
Au kilomètre 48, on quitte la route 13 pour rejoindre une branche où se trouve la guesthouse. Nous sommes beaucoup plus épuisés d’avoir fait 7 kilomètres sur cette route que par les 48 km qui précèdent.
La guesthouse est tenue par un couple italiano-laotien. Ils ont un grand potager où ils cultivent pas mal de légumes. Par ailleurs, ils font également la cuisine pour leurs hôtes.