Dans la première partie de cette série de récits sur le Laos du nord, on a relaté nos premiers 200 kilomètres depuis la capitale Vientiane jusqu’à Ban Sisangvone.
Nous vous invitons à poursuivre notre périple jusqu’à Luang Prabang : avec sensiblement la même distance mais cette deuxième partie présente beaucoup plus de difficulté en terme de dénivelée.
[Laos du nord] Ban Sisangvone à Viengkham (Kasi)
[35 kilomètres, 657 mètres de dénivelée positive] // Niveau: MODÉRÉMENT DIFFICILE
Après avoir rempli nos estomacs avec quelques bananes, nous quittons notre hébergement pour nous diriger vers Kasi. Nous avons prévu de faire 35 kilomètres et de nous arrêter à une guesthouse repérée sur google maps.
Le temps est très brumeux ce qui nous empêche d’admirer les paysages lors de nos premiers kilomètres. Les rayons du soleil peinent à percer à travers cette couche brumeuse. Nous arrivons tout de même à apercevoir des groupes d’enfants en uniforme se rendre à l’école.
Le ciel se lève ensuite et paraît plus net. Cela nous permet d’apprécier la campagne laotienne dans toute sa splendeur: champs de salade dans une cuvette entourée de monts, maisons traditionnelles sur pilotis, femmes en robe traditionnelle qui travaillent déjà sur les plantations, etc…
Malgré que la route soit vallonnée, je ne ressens pas encore la fatigue. C’est certainement grâce à notre départ très matinal.
Une petite pause s’impose
Nous voilà à Kasi après une vingtaine de kilomètres de pédalage. De loin, nous apercevons un petit restaurant avec un menu en anglais. La cuisine est ouverte comme on aime. Sur le présentoir, il y a quelques légumes, des ustensiles de cuisine, quelques baguettes de pain ayant une mauvaise mine, etc…Les tables et les chaises sont en bois massif qui pèse des tonnes. Il semble que c’est la mode ici.
Jérôme souhaite qu’on s’arrête afin de prendre un « vrai » petit-déjeuner. Le sandwich laotien à l’omelette attire son attention. De mon côté, rien ne me branche. Finalement, je commande aussi un sandwich.
Sur la route 13, Kasi
Il faut prendre son temps. C’est le Laos ! En attendant d’être servi, nous observons les deux dames préparer le stand et nos boissons en même temps. On dirait que la dame est parti torréfier son café. L’autre dame part chercher des baguettes (de pain). Nous avons le temps donc cela ne nous dérange pas de patienter et d’observer la scène de vie aux alentours.
Le sandwich est vraiment très bon. Cela rattrape l’expérience désastreuse à Vang Vieng.
Arrêt en pleine montée malgré nous
Selon ce que dit Jérôme, une belle montée nous attend après le petit-déjeuner. Je me prépare psychologiquement afin d’affronter cette difficulté imminente.
Le soleil commence à brûler. Je commence à forcer au milieu d’une côte. On est toujours sur la route principale du pays. Et pourtant, il n’y a pas beaucoup de trafic. Quelques scooters et camions nous dépassent dans un sens et quelques uns dans l’autre. Et là soudainement j’entends « Bam…shhhhhhhh » : un bruit de métal raclant la route et des cris. À ce moment là, j’ai eu la trouille.
On tourne vite la tête et fait demi-tour. Deux femmes et un bébé sont tombées de leur scooter en descente, dans un virage rempli de gravillons. Jérôme déplace le scooter sur l’accotement, tandis que je cherche en urgence la trousse de secours en attendant d’autre aide. La conductrice est bien blessée, mais à priori ce ne sont que des blessures artificielles. Le bébé a été heureusement bien protégé par sa maman. Quelques minutes plus tard, d’autres personnes interviennent et les emmènent dans le centre de soin le plus proche (on espère).
Encore une fois, la trousse de pharmacie est indispensable dans un voyage au long cours.
Nous arrivons à Kasi Hot spring guesthouse vers midi. Le personnel de la guesthouse est en train de décorer l’endroit pour fêter le nouvel an laotien Pimai. De fait, la musique est forte jusqu’à 20h, ce qui nous dérange toute l’après-midi.
Kasi à Phoukhoune
[25 kilomètres, 1 000 mètres de dénivelée positive] // Niveau: MODÉRÉMENT DIFFICILE
Cette courte journée s’annonce très difficile en terme de dénivelée, 1 000 mètres.
Avant de grimper, nous nous réjouissons de la descente qui dure pendant deux kilomètres. Ce plaisir fut court mais intense. Les choses sérieuses commencent ensuite. Nos mollets sont mis à l’épreuve pendant plus de 20 kilomètres. Heureusement que la route est bonne ce qui allège notre fatigue.
Nous croisons de nouveau des petits se rendre à l’école. La plupart d’eux ont environ 6, 7 ans. Pour une fois, ils n’ont pas d’uniforme. Ils n’ont ni vêtements à la mode, ni sacs à dos bien neufs, ni belles chaussures. Ils ont en revanche une joie de vivre extraordinaire. Vous allez dire que tous les enfants ont la joie de vivre. Mais là, je suis toute émue en les écoutant fredonner tout en grimpant à pieds pour rejoindre leur école.
Un peu plus tard sur le chemin, nous traversons d’autres villages qui sont situés juste au bord de la route. Les enfants (surtout) et quelques adultes s’écrient « fa-lang-xeeeeeeeeeeee » quand ils nous aperçoivent de loin. Certains nous saluent de très loin avec la main levée. D’autres, moins timides, veulent carrément nous taper les mains en « high five ».
Par rapport au sud du pays, je trouve que les gens du nord sont quand même plus démunis. En effet, il s’agit des maisons de fortune construite essentiellement à base de bambou et d’autres matériaux de la forêt. Il n’y a pas de fenêtre, juste une petite porte pour entrer et sortir.
Sur cette étape, nous croisons également des personnes transportant un gros tas de bambou fraîchement coupé sur leurs scooters.
Nous arrivons à Phoukhoune un peu avant midi. Nos estomacs crient car jusqu’à maintenant ils n’ont vu passer que des bananes. Nous arrivons à un carrefour où se trouvent tous les commerces du village : restaurants locaux, restaurants chinois, marché h’mong, guesthouse, etc…Nous prenons une soupe de nouilles (pour changer) chez une dame qui est très souriante.
Notre chambre est propre, spacieuse et lumineuse. C’est dommage que le couple de propriétaires soit aussi peu agréable.
Phoukhoune à Kiukacham
[52 kilomètres, 1 068 mètres de dénivelée positive] // Niveau: DIFFICILE
Une autre journée de grimpette s’annonce. C’est à ce carrefour que nous avons le choix entre deux directions : Phonsavan ou Luang Prabang. Jérôme voulait explorer la mystérieuse plaine des jarres à Phonsavan. Après avoir pesé le pour et le contre, nous avons décidé de ne pas faire un détour pour aller à Phonsavan. Cela aurait dérogé à notre principe lors des balades: interdiction de faire demi-tour 🙂
Finalement, l’appel de Luang Prabang est plus fort. Au niveau de la route, c’est le pieds au moins dans les 10 premiers kilomètres car ça descend bien.
Sur le chemin, nous avons croisé Benjamin, un cycliste français qui pédale depuis Ha Noï au Vietnam. C’est la première fois qu’on croise un voyageur à vélo depuis qu’on est retourné au Laos. Nous avons eu l’occasion de discuter pendant un moment tout en pédalant. Ensuite, Benjamin nous laisse afin de tracer jusqu’à son objectif qu’est Luang Prabang ce jour-là.
C’est le début des festivités du nouvel an laotien, le Pimai. Sur la route, nous avons droit à quelques arrosages d’eau. Le premier seau d’eau est encore tout glacial. Mais les suivants font vraiment du bien.
A 4 kilomètres de Kiukacham, Jérôme me dit d’un air réconfortant : »Allez, courage, on est presque là ». Oui, sauf que c’est interminable pour moi. Je qualifie ces 4 derniers kilomètres archi difficiles. C’est à cause de la chaleur d’une part et surtout de l’état de route d’autre part. En effet, la route qui est remplie de gros cailloux n’est pas du tout praticable. Jérôme résiste en pédalant très lentement et avec beaucoup de précaution. Quant à moi, je mets les pieds à terre et pousser mon vélo.
Il y a 3 guesthouse et 2 restaurants dans la rue principale où se trouve le village. Nous nous réfugions dans un restaurant désertique pour prendre le déjeuner. Au menu: du riz frit. C’est complètement décevant. Le riz n’est pas du tout frit, pas trop de goût. De plus, notre chambre est très rudimentaire.
Sinon, nous avons encore croisé d’autres voyageurs à vélo. C’est un couple néerlandais Leendertjan et Rose qui pédalent deux mois en Thaïlande, Laos et Chine. Du coup, nous avons bien discuté sur nos parcours passés et à venir. Vous remarquerez que dans ce genre de coins, nous ne croisons que des voyageurs à vélo 🙂 Personne d’autre ne s’aventure à Kiukacham pour le plaisir. Voici leur carnet qui est en néerlandais. [Bon courage pour la prononciation du nom du blog.]
Kiukacham à Luang Prabang
Il fait frais à 5h30. Nous croisons de nouveau le couple néerlandais qui passe devant nous lorsque nous préparons les vélos. On passera la journée à se dépasser les uns les autres au fur et à mesure de nos pauses respectives !
Nous espérons seulement que la route est dans un meilleur état que la veille. Pour notre plus grand confort, la route est plutôt en bon état. Il faut cependant faire gaffe aux gravillons sur certaines portions.
Nous prévoyons de couper ce trajet en deux. Au vu de nos états et l’hospitalité du village où nous sommes censés passer la nuit (c’est ironique bien évidemment), nous avons décidé de pousser jusqu’à Luang Prabang.
Encore une trentaine de kilomètres nous séparent avec Luang Prabang. Nous pensions que ce serait assez facile. Contre toute attente, c’est vraiment dur et usant car c’est très vallonné mine de rien.
L’ambiance devient très sympathique lorsque nous nous approchons de Luang Prabang. C’est la fête : musique à fond, batailles d’eau entre des personnes derrière les pick-up, etc…Je ne vous dis pas à quoi on ressemble à notre arrivée à l’hôtel. Imaginez deux énormes gouttes d’eau sur pattes 🙂
Un autre article complet sur Luang Prabang est en cours de rédaction.
Bonjour,
Nous venons de faire le trajet dans l’autre sens. Les paysages sont en effet magnifiques mais la route est dans un état catastrophique sans parler su traffic de camions 40 tonnes démentiel. Nous avons avalé de la poussière pendant 4 jours! A déconseiller…..
Bonjour Philippe,
Je suis actuellement au Nord du Vietnam en direction du nord du Laos (itinéraire prévu : à priori beaucoup de souffrance via Viang Xai, Nong Khiaw, Luang Prabang, Phonsavanh puis probablement enfin du plat et un revêtement correct dans la boucle de Thakhek et direction le sud ! Ce sera l’occasion pour moi de mettre à jour l’article.
Dans l’ensemble j’ai l’impression que les routes au nord sont vraiment devenues désastreuses. Même le trajet Savannakhet / Vientiane (en bus) a été une horreur à cause de travaux interminables. Par contre au sud (Savannakhet jusqu’aux 4000 îles en passant par le plateau des Boloven) c’était nickel pour rouler au printemps dernier : il y a moins de camions et une saison des pluie probablement plus clémente, ça aide.
J’espère pour vous que ça va s’améliorer par la suite. Bon pédalage !